Quelle est la symbolique du paiement en psychanalyse ?

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En droit civil, le paiement résulte d’un contrat, écrit ou tacite, dans lequel l’un s’engage à faire et l’autre en contrepartie à payer le prix convenu. Les droits et obligations de chacun sont précisés et tous les actes de service relèvent des dispositions du Code civil. Le paiement de la séance de psychanalyse, à l’acte ou au forfait, relève juridiquement de ce principe.

Mais pour la psychanalyse, le paiement répond à une symbolique qui dépasse très largement le cadre légal. Quand un psychanalyste demande le paiement d’une séance qui n’a pas eu lieu, ce n’est pas parce que la loi l’y autorise, mais parce qu’en psychanalyse, le paiement a une signification symbolique très forte et participe à la thérapie.

Cependant, à trop se focaliser sur la signification psychanalytique du paiement, certains psychanalystes, quand ils fixent le cadre, ont des prétentions que la loi n’autorise pas. Par exemple, il n’est pas possible d’exiger qu’un patient prenne ses vacances aux mêmes dates que le psychanalyste et paie les séances manquées s’il prend les siennes à une date différente.

Payer pour instaurer un cadre

Lors du premier entretien, la personne venue voir le psychanalyste va commencer à exposer sa problématique et il va se produire un transfert vers le thérapeute. C’est-à-dire que la personne va se sentir en confiance, va désirer continuer avec ce thérapeute.

Au transfert de cette personne va répondre le contre-transfert du psychanalyste. Désire-t-il prendre cette personne en charge et lui consacrer désormais et régulièrement une partie de son temps ? Si le contre-transfert ne se fait pas, le psychanalyste le dira, avec tact, et conseillera un thérapeute qui sera plus à même d’accompagner la personne dans sa démarche thérapeutique.

Si le psychanalyste souhaite continuer avec cette personne, il va préciser le « cadre », moment très important, car il va définir l’ensemble des relations futures entre l’analysant (la personne en demande de cure) et l’analyste.

Dans ce cadre il y aura le négocié, ce sur quoi on se met d’accord, en particulier le rythme des séances, le paiement et les règles de distanciation sociale. C’est l’obligation de payer les séances manquées qui souvent provoque une réaction vive et le refus de la personne.

C’est aussi rarement une cause de fin de relation. La personne dit son désaccord, mais viendra à la prochaine séance. C’est que le refus du paiement va bien au-delà d’un problème d’argent et va donner des indices au psychanalyste sur les résistances de son patient.

Un paiement qui est dû

La cure psychanalytique est un contrat au sens juridique du terme, mais surtout un contrat éthique qui repose sur une confiance réciproque. Une bonne pratique veut que le psychanalyste réserve une heure fixe à jour fixe à son patient. Cela devient en somme une location, comme on loue une heure à jour fixe dans un cabinet thérapeutique ou un bureau de services.

Dès lors qu’il s’agit d’une location, que cette heure est réservée nominativement à un patient et ne sera pas utilisée par le psychanalyste pour autre chose que recevoir cette personne, certains psychanalystes considèrent que le paiement est dû même si la personne n’utilise pas cette heure. Partir en vacances et donc ne pas occuper le logement pendant leur durée n’est pas un motif pour ne pas payer son loyer. Idem en psychanalyse.

Payer pour favoriser la parole

Cependant, cette vision comptable n’est pas ce qui motive cette approche. Le paiement, surtout en espèces, est un élément de libération de la parole. C’est pourquoi il doit être fait en début de séance, n’est pas ramassé et reste visible. À la fin de la séance, le psychanalyste ramasse l’argent en formulant des remerciements.

Payer, et surtout payer en espèces, montre l’intérêt, la participation active du patient à sa cure. Le fait même de préparer le paiement en le tirant du porte-monnaie pour le réserver à la séance suivante, ou d’aller avant la séance retirer l’argent dans un distributeur, prépare cette séance, fait désirer ce moment de rencontre avec son thérapeute.

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